Tigzirt a échappé de justesse au massacre du 8 mai 1945.

Par Mourad Hammami
Tizi Ouzou a échappé de justesse au massacre du 8 mai 1945.
Les événements ont eu lieu le 14 mai 1945, soit moins d'une semaine après les massacres de Setif , Guelma et Khertata.
Nous sommes à Tigzirt à une quarantaine de km au nord de la ville de Tizi Ouzou. Sous la houlette d'un important chef du mouvement national, un plan général a été mis en place pour mener une offensive générale et sanglante contre les colons, l'administration et les forces de l'ordre coloniales.
Tout a été soigneusement préparé depuis des jours. Des armes blanches, des armes à feu et des cocktails Molotov.
Des centaines de personnes venues de Mizrana, d'Iflissen, de Boudjima et de Makouda avancent avec détermination vers la ville de Tigzirt pour la prendre en tenaille.
Or la veille l'une des personnes impliquées dans cette attaque secrète, par pitié à un administrateur qu' il aime et qui est son ami avait, sans le vouloir, vendu la mèche: " Écoutes mon ami, c'est sérieux, je te conseille d'évacuer ta famille, car une grande offensive sanglante et populaire se prépare contre toute la ville de Tigzirt !".
La personne informée a eu peur. Depuis qu'il a entendu cette information troublante, il avait le regard perdu et il est désarçonné.





A côté deux hommes se sont attablés. Ils ont vite détecté un changement brusque et lisible sur son visage. Parmi ces deux homme attablés juste à coté, l'un d'eux est un indicateur zélé de l'administration coloniale.
Très curieux de savoir ce qui se passe et pourquoi cette personne qu'il connait est plongé dans la peur et l'émoi. Il s'est approché de lui pour tenter de connaitre ce qui se passe et tenter d'arracher un renseignement qu'il l'aura à livrer tout chaud à ses chefs.
Le malheureux fonctionnaire, ne connaissant probablement pas le rôle de cette personne, lui a raconté tout ce qu'il vient d'entendre de son ami.
Immédiatement et en urgence, l'indicateur livre l'information aux responsables de la ville.
Prenant la menace très au sérieux les autorités coloniales ont aussitôt demandé des renforts qui ont été dépêché à partir de la ville de Dellys.
Les assaillants indigènes qui s'apprêtaient à attaquer la ville ne savaient pas qu' un important renfort à été dépêché vers la ville. Les populations en insurrection ont mis leur plan à exécution.
De nuit, ils s'approchaient de plus en plus de la ville.
Ceux d'Iflissen doivent arriver à Feraoun à la sortie Est et ceux de Mizrana Boudjima et Makouda doivent se stationnés au lieu dit Boutrahi. Ils vont attendre l'heure convenue, soit à minuit, pour donner l'assaut général contre la ville.
A la dernière minute un contre ordre urgent vient de tomber : " Opération annulée ! opération annulée ! " crie t-on partout.
C'était l'un des importants chefs de ce mouvement qui est Omar Boudaoud qui courrait de loin sur un cheval pour faire parvenir le Contre-Ordre.
Ils courrait depuis la région de Makouda. Il crie et lance son appel d'arrêter immédiatement l'opération.
" Arrêtez, arrêtez!, faite demi tour, il y a eu un contre ordre! Faites demi tour immédiatement et rentrez chez vous, l’opération est annulée! C'est un ordre! rentrez chez vous! obéissez ! " criait Omar Boudaoud, qui va devenir par la suite colonel de l'ALN durant la guerre et célèbre chef de la Fédération de France.
Il avait atteint les dernières colonnes des insurgés au lieu dit Arvedh en bas du village Ait Saïd (Mayache) et leur demande d'arrêter et faire demi tour .
Sur son cheval il continue en toute urgence son chemin vers les autres troupes qui ont presque atteint les faubourgs de la ville et les autres troupes qui avancent par l'Est vers Tigzirt pour leur demander d'arrêter l'opération.
On aura du mal à imaginer l'ampleur de la confrontation et du massacre qui pourrait avoir lieu dans cette région si ce n'est ce contre-ordre de dernière minutes.
Cette histoire méconnues nous l'avons découvert lors de l'opération Témoins de Guerre lancée par Mizrana Production et l'association le Flambeau. Des gens encore en vie nous ont raconté ces faits, à l'exemple de Mohamed Oudelha. Mais aussi Omar Boudaoud a évoqué cette page d'histoire dans son livre bibliographique. Ce dernier avait précisé que jusqu'à présent il ne sait pas ni qui ni comment le Contre-Ordre à été donné pour arrêter in extremis cette offensive sanglante.
M.H

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